Lorsque nous achetons de l’ail dans un supermarché, nous le payons en moyenne 5 euros le kilo ; ces mêmes ails ont été achetés aux agriculteurs pour moins de 1,50 euro. Pour les tomates pour la salade nous payons presque 2 euros quand leurs producteurs ont été payés à 30 centimes d’euros, c’est-à-dire que le prix – et non la valeur – entre l’origine et la destination a été multiplié par six dans ce cas. Mais le cas le plus sanglant se trouve, selon les données du syndicat COAG de novembre 2012, chez les choux-fleurs où il y a une différence de pourcentage de plus de 600%. Alors qu’en supermarché ils sont proposés à 1,84 euro le kilo, à ceux qui les ont semés, arrosés et récoltés, ils sont payés à 0,24 euro le kilo.
Cet indice, qui mesure les écarts entre le prix payé à l’origine et payé à destination, est un très bon outil pour rendre compte d’un des facteurs qui complique le plus la survie des populations en milieu rural : la maîtrise de toute la chaîne agroalimentaire est concentrés dans très peu de grands supermarchés, où aujourd’hui nous achetons presque tous presque tout. Avec ce « super pouvoir » ils se permettent, on l’a vu, de fixer des prix très bas à leurs fournisseurs et même dans certains cas de payer en dessous des coûts de production, comme pour le lait ou l’huile.
Ce n’était pas toujours comme ça. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les petits commerces des villes et des quartiers ou des marchés municipaux jouaient le rôle important de distribution de nourriture. Et il y avait aussi un autre instrument qui reliait directement les consommateurs et les paysans : les « pages marchés » hebdomadaires qui étaient installés dans les rues et les places. De nombreux facteurs, dont le peu d’attention que les administrations ont accordé à cette pratique, les ont fait disparaître de nombreux endroits ou les ont relégués au rang de « vestiges du passé ». Mais regarder en arrière et reconquérir les marchés fermiers offre de nombreux avantages pertinents en ces temps de crise. Ici vous pouvez trouver des marchés de producteurs biologiques.
L’essentiel est qu’elles améliorent le revenu des producteurs, bien sûr, en même temps qu’elles renforcent toute l’économie agraire et rurale qui est si nécessaire pour générer des emplois dans les campagnes. Il favorise la production d’aliments frais et locaux, c’est pourquoi nous évitons la contamination lors de très longs trajets en provenance de pays lointains. Lorsque la présence de producteurs agroécologiques est privilégiée, nous aurons une alimentation saine et saine produite en harmonie avec l’environnement. Enfin, si l’on passe en revue les études menées dans les Farmers Markets au Royaume-Uni, on constate que, pour la population de consommateurs, se rendre sur ces marchés garantit des prix bas car il n’y a pas d’intermédiaires, de la qualité et un moyen de réduire les risques alimentaires : local , de producteurs connus et ils montrent leurs visages,
Aujourd’hui, nous trouvons des expériences très intéressantes pour récupérer ces marchés paysans. Comme à Lleida, Les Franqueses del Vallés, Sant Joan d’Alacant, Ciutadella (Minorque) ou l’écomarché de MónEmpordà qui circule depuis quatre ans tous les samedis à Rupià, Corsà, Verges et Torroella de Montgrí. Légumes écologiques, truite fumée, pains aux céréales indigènes, œufs de poules en liberté dans la région, vins de L’Albera et bien d’autres bons plats font partie d’une offre hebdomadaire disparue il y a 50 ans. A de petites différences (périodicité, en intérieur ou en extérieur, avec alimentation bio ou non, fixe ou itinérant…), tous défendent une valeur centrale : favoriser la vente directe des produits des agriculteurs et artisans transformateurs.
Si la volonté politique est activée, certaines recommandations sont claires sur la base d’expériences et de résultats analysés ailleurs. Premièrement, son objectif fondamental ne peut être perdu de vue : parvenir à une consommation d’aliments sains et locaux, en maintenant et en promouvant l’agriculture à petite échelle. Pour cela, les procédures d’obtention des permis doivent être facilitées, des espaces adéquats et différenciés doivent être proposés pour la vente de nourriture, des tarifs accessibles, etc. Deuxièmement, interdire la revente de produits sur ces marchés, car cela représente une concurrence déloyale pour notre paysannerie. Troisièmement, promouvoir le dialogue avec les autres agents du commerce alimentaire dans l’environnement. Comme cela a été démontré à Vitoria ou à Oviedo, les synergies avec le marché municipal ou les commerces de proximité sont positives pour tout le monde. Et enfin,
Comme l’explique le sociologue José Ramón Mauleón, organiser un marché paysan traditionnel, une à deux fois par semaine, dans un quartier de Barcelone ou dans une ville de montagne, « est bien plus qu’un engagement dans un format commercial ». Les marchés paysans s’insèrent comme pièce fondamentale dans l’approche politique déjà connue de la Souveraineté Alimentaire, qui défend l’agriculture – et donc l’alimentation – à l’écart des industries intensives qui ne génèrent pas d’emplois et maltraitent la Planète, détachées des marchés à terre de parquet où se simples valeurs de prix et la terre est un substrat de spéculation, pour être au contraire une agriculture proche des hommes et de la planète dont nous faisons partie.
Gustavo Duch Guillot .
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